vendredi 16 janvier 2015

CHAPITRE 1  Traité sur la tolérance( VOLTAIRE)  Un peu de lecture... C'est bon!!
Le meurtre de Calas, commis dans Toulouse avec le glaive de la justice, le 9
mars 1762, est un des plus singuliers événements qui méritent l'attention de
notre âgè et de la postérité. On oublie bientôt cette foule de morts qui a
péri dans des batailles sans nombre, non seulement parce que c'est la
fatalité inévitable de la guerre, mais parce que ceux qui meurent par le
sort des armes pouvaient aussi donner la mort à leurs ennemis, et n'ont
point péri sans se défendre. Là où le danger et l'avantage sont égaux,
l'étonnement cesse, et la pitié même s'affaiblit; mais si un père de famille
innocent est livré aux mains de l'erreur, ou de la passion, ou du fanatisme;
si l'accusé n'a de défense que sa vertu; si les arbitres de sa vie n'ont à
risquer en l'égorgeant que de se tromper; s'ils peuvent tuer impunément par
un arrêt, alors le cri public s'élève, chacun craint pour soi-même, on voit
que personne n'est en sûreté de sa vie devant un tribunal érigé pour veiller
sur la vie des citoyens, et toutes les voix se réunissent pour demander
vengeance.
Il s'agissait, dans cette étrange affaire, de religion, de suicide, de
parricide; il s'agissait de savoir si un père et une mère avaient étranglé
leur fils pour plaire à Dieu, si un frère avait étranglé son frère, si un
ami avait étranglé son ami, et si les juges avaient à se reprocher d'avoir
fait mourir sur la roue un père innocent, ou d'avoir épargné une mère, un
frère, un ami coupables.
Jean Calas, âgé de soixante et huit ans, exerçait la profession de négociant
à Toulouse depuis plus de quarante années, et était reconnu de tous ceux qui
ont vécu avec lui pour un bon père. Il était protestant, ainsi que sa femme
et tous ses enfants, excepté un, qui avait abjuré l'hérésie, et à qui le
père faisait une petite pension. Il paraissait si éloigné de cet absurde
fanatisme qui rompt tous les liens de la société qu'il approuva la
conversion de son fils Louis Calas, et qu'il avait depuis trente ans chez
lui une servante zélée catholique, laquelle avait élevé tous ses enfants.
Un des fils de Jean Calas, nommé Marc-Antoine, était un homme de lettres: il
passait pour un esprit inquiet, sombre, et violent. Ce jeune homme, ne
pouvant réussir ni à entrer dans le négoce, auquel il n'était pas propre, ni
à être reçu avocat, parce qu'il fallait des certificats de catholicité qu'il
ne put obtenir, résolut de finir sa vie, et fit pressentir ce dessein à un
de ses amis; il se confirma dans sa résolution par la lecture de tout ce
qu'on a jamais écrit sur le suicide.
Enfin, un jour, ayant perdu son argent au jeu, il choisit ce jour-là même
pour exécuter son dessein. Un ami de sa famille et le sien, nommé Lavaisse,
jeune homme de dix-neuf ans, connu par la candeur et la douceur de ses
moeurs, fils d'un avocat célèbre de Toulouse, était arrivé de Bordeaux la
veille (Le 12 octobre 1761); il soupa par hasard chez les Calas. Le père, la
mère, Marc-Antoine leur fils aîné, Pierre leur second fils, mangèrent
ensemble. Après le souper on se retira dans un petit salon: Marc-Antoine
disparut; enfin, lorsque le jeune Lavaisse voulut partir, Pierre Calas et
lui, étant descendus, trouvèrent en bas, auprès du magasin, Marc-Antoine en
chemise, pendu à une porte, et son habit plié sur le comptoir; sa chemise
n'était pas seulement dérangée; ses cheveux étaient bien peignés: il n'avait
sur son corps aucune plaie, aucune meurtrissure (On ne lui trouva, après le
transport du cadavre à l'hôtel de ville, qu'une petite égratignure au bout
du nez, et une petite tache sur la poitrine, causée par quelque inadvertance
dans le transport du corps.) A SUIVRE......

vendredi 9 janvier 2015

http://tempsreel.nouvelobs.com/charlie-hebdo/20150108.OBS9543/je-veux-soutenir-charlie-hebdo-comment-faire.html  


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